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histoire de la commune

d’Auguste Blanqui. Les blanquistes étaient, au Dix-huit mars, peu nombreux, sans grande notoriété, très jeunes pour la plupart, mais singulièrement ardents et actifs. Ils furent les hommes d’action de la Révolution de 1871. On les trouve partout, dès la fuite du gouvernement, occupant les postes importants, s’emparant de la préfecture de police, des ministères, s’efforçant de suppléer à l’absence de leur chef, tombé aux mains des agents de Versailles dans un bourg du midi et gardé prisonnier, bien que n’ayant en rien participé aux événements insurrectionnels. On s’assura de Blanqui comme d’un personnage extraordinairement dangereux. Il fut le premier otage. Les blanquistes Tridon, Granger, Eudes, Rigault, Bridault, Da Costa et leurs camarades étaient sans doute animés de tendances socialistes, mais avant tout ils étaient des révolutionnaires et des libres-penseurs. Ils avaient agité le quartier latin pendant les dernières années de l’empire, péroré à la tribune des réunions du Pré-aux-Clercs, de la Redoute, de la rue d’Arras, fondé des journaux d’opposition, de critique philosophique comme le Candide, la Rive Gauche, participé aux congrès internationaux à Liège, à Lausanne. On les retrouve, impatients de descendre dans la rue, à l’enterrement de Victor Noir, et lors de la tentative d’émeute à la Villette. Ils sont au premier rang à l’investissement du corps législatif, le quatre septembre. Enfin, au 31 octobre, ils entourent Blanqui, et pénètrent avec lui dans l’Hôtel-de-Ville ; puis, au 22 janvier, entraînés par leur tempérament révolutionnaire, ils se mêlent à l’échauffourée désespérée. Au Dix-Huit mars, audacieux et pratiques, ils prennent possession des principaux services administratifs. Leur doctrine était la prise du pouvoir par une minorité agissante. Pour cette conquête soudaine, ils avaient recours aux conspirations, à l’embrigadement