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d’hommes résolus, aux coups de force. Ils estimaient, avec leur chef, que la révolution sociale ne pouvait provenir que d’une minorité hardie, téméraire souvent, mettant par surprise la main sur tous les rouages de l’État. Ils n’étaient nullement des doctrinaires socialistes. L’un d’eux, Gaston Da Costa, dans son intéressant et sincère ouvrage la Commune vécue, a très justement dit des blanquistes de 1871 :

Leur seule préoccupation était de vaincre Versailles, pour empêcher Thiers d’organiser la République qu’il nous a faite, dans le but, aujourd’hui plus évident que jamais, de reculer l’avènement d’une république démocratique, communale et sociale.

Personne ne peut plus raisonnablement le contester : ce fut le parti blanquiste qui domina l’insurrection. Si donc ce parti avait pu penser que cette insurrection dût immédiatement aboutir à une révolution sociale, il aurait manifesté son socialisme. Il ne le fit point. Pourquoi ? Parce qu’il avait une conception exacte des seuls sentiments de révolte qu’avaient produits l’insurrection : républicanisme et patriotisme…

Les blanquistes ne furent donc à cette époque que ce qu’ils pouvaient être : des jacobins révolutionnaires soulevés pour défendre la république menacée, tandis que les socialistes, idéalistes groupés dans la minorité, ne furent que des rêveurs sans programme socialiste défini, et dont la malheureuse tactique consistait à faire croire au peuple de Paris et aux Communes de France qu’ils en avaient un…

(Gaston Da Costa. — La Commune vécue, t. III, p. 76.)

On verra à l’œuvre les blanquistes au cours des événements qui suivirent l’établissement de la Commune. Ils firent surtout acte de révolutionnaires, se préoccupant, avec raison, d’empêcher la Commune de disparaître. Le collectivisme ne devait passer, selon eux, qu’après le salut public, qu’après la victoire. C’était d’une logique élémentaire. L’existence d’abord, les systèmes ensuite, pour l’organiser.