Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/68

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Le rapporteur étudia les différentes propositions suivantes : 1o  Existe-t-il une incompatibilité entre le mandat de député à l’Assemblée de Versailles et celui de membre de la Commune ? Le rapporteur concluait à l’incompatibilité. 2o  Les étrangers peuvent-ils être admis à la Commune ? Le rapporteur s’appuyait sur cet argument que « toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent, et que le titre de membre de la Commune étant une marque de confiance plus grande encore que le titre de citoyen, comporte implicitement cette dernière ». Il concluait à l’admission des étrangers.

Cette décision paraissait en contradiction avec les opinions étroitement nationales de la grande majorité des parisiens, au lendemain du siège. Paris était fort éloigné de tout cosmopolitisme, et les membres de la Commune, parmi lesquels les internationaux étaient en très petite minorité, ne devaient pas se montrer disposés à braver sur ce point délicat les susceptibilités ou les préjugés de leurs commettants. « Le drapeau de la Commune était bien, comme le disait le rapporteur, celui de la République universelle », mais c’était là une figure, une aspiration philosophique. Donc l’Assemblée communale ne devait comprendre que des nationaux. Il y avait cependant des précédents remontant à la Révolution, et cette considération avait son poids. La Convention avait accepté l’américain Thomas Payne et le prussien Anacharsis Cloots. Plus récemment, les parisiens, au 8 février 1871, avaient élu député Garibaldi, et ce fut un scandale et un défi à l’opinion républicaine, quand l’Assemblée de Bordeaux insulta le vaillant italien, le prit au mot offrant sa démission, et refusa d’entendre les explications qu’il voulut donner. Menotti Garibaldi, son fils, fut nommé membre de la Commune ; son élection fut validée, mais il ne siégea pas.