Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/76

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grandes villes, où les journaux de Paris favorables à l’insurrection ne purent parvenir, qu’il s’agissait d’une audacieuse tentative sans portée ni lendemain. Etait-ce un soulèvement patriotique, révolutionnaire, socialiste, quelques dépêches disaient bonapartiste ? On ne savait pas au juste. Cet accès de fièvre parisienne apparaissait analogue aux échauffourées antérieures, au 31 octobre et au 22 janvier ; donc les provinciaux devaient juger que cette crise, comme les autres, n’aurait pas de suites.

Il y eut bien des tentatives d’adhésion au mouvement, en plusieurs villes, mais ce ne furent là que des manifestations révolutionnaires sans appui ni racines, des explosions isolées, des initiatives émanant de minorités insuffisant : s, privées de chefs reconnus et acceptés, par conséquent vouées à l’avortement. Ceci est pour les premiers jours. Par la suite, dans plusieurs départements, il se produisit des démonstrations relativement importantes, mais généralement pacifiques et légales, en faveur de la cause parisienne. On publia des propositions d’entente, on organisa des réunions et l’on afficha des ordres du jour. En même temps, on envoya des délégués à Versailles, on lança des appels à la conciliation, on tenta même un congrès à Bordeaux. Ce ne furent que des efforts sans cohésion et sans importance générale. M. Thiers n’en pouvait être effrayé. Il continuait avec assurance à faire avancer ses troupes, redoublait l’intensité du bombardement commencé dans les premiers jours d’avril. Il recevait et renvoyait les délégations départementales qu’on lui adressait, ou qui se présentaient spontanément, avec les meilleures paroles, jurant qu’il ne permettrait pas qu’on touchât à la République, ce qui satisfaisait les bons délégués. Il promettait aussi que sa victoire certaine sur les révoltés parisiens serait accompagnée de modération et de clémence.