Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/91

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riches. Les émeutiers se dispersèrent. Leurs chefs, arrêtés, gardés prisonniers à l’Hôtel-de-Ville, furent relâchés le soir même.

Cluseret et Bakounine, comme étrangers, et en vertu d’un arrêté d’expulsion, furent conduits à la gare et immédiatement expédiés à la frontière.

Deux légions de mobilisés du Rhône avaient été formées ; l’ordre vint de les diriger sur le corps d’armée de l’Est. Les mobilisés lyonnais se comportèrent bravement à Nuits. D’autres légions furent l’objet de décrets, mais l’une ne put être organisée à temps pour prendre part aux combats, et se retira en Suisse avec les débris de l’armée de Clinchant. Les autres restèrent à Lyon. L’envoi à l’ennemi d’hommes mariés, incorporés dans ces légions, suscita un sanglant épisode. Sur la nouvelle erronée que, dans un combat autour de Nuits, les bataillons lyonnais avaient été anéantis, le 20 décembre, une grande émotion se produisit à la Croix-Rousse. Une manifestation s’organisa. Les hommes de désordre, comme il s’en trouve toujours en ces circonstances pour exciter la foule et pousser aux pires excès, lancèrent en avant des femmes, portant des drapeaux rouges et aussi des drapeaux noirs. On criait : « À l’Hôtel-de-Ville ! À bas les bourgeois ! À bas le conseil municipal ! Enlevons-les ! » Une réunion publique avait lieu salle Valentino. Les manifestants, descendant vers la place des Terreaux, envahirent cette réunion. Les motions les plus violentes alors se produisirent.

Un commandant de la garde nationale, nommé Arnaud, eut la malencontreuse idée de vouloir ramener au calme cet auditoire en délire. Il fut entouré, renversé, piétiné. Il se releva meurtri, avec des écorchures aux mains et au visage, les vêtements déchirés. Pour se dégager, autant que pour intimider ses assaillants, le commandant prit son