Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rés. Paris pouvait avoir ses raisons pour s’insurger, mais les Lyonnais devaient attendre pour les apprécier, de peur de se fourvoyer. » Le maire de Lyon refusait donc de s’engager et de laisser s’engager la municipalité,

LA MAIRIE OFFERTE AU DOCTEUR CRESTIN

Pendant cette délibération assez prolongée, la fonte avait envahi les locaux de l’Hôtel-de-Ville. Beaucoup de garibaldiens et d’officiers de la garde nationale, en uniforme, accompagnés de lyonnais connus, pénétrèrent dans la salle Henri IV, où siégeaient d’ordinaire les conseillers. Les assistants réclamèrent la nomination immédiate d’un comité provisoire. Des noms furent donnés. On acclama le docteur Crestin comme maire. On vint le chercher dans la salle des Echevins, où il se trouvait avec les autres conseillers. On lui demanda de signer l’ordre d’arrestation du préfet du Rhône, Valentin, et de son secrétaire général, Gomot. On : l’invita à prendre place au fauteuil du maire. Le docteur refusa.

La salle du Conseil était divisée par une barrière, laissant un espace libre attribué au public. Là s’était massée une foule de plus en plus dense et fiévreuse, parmi laquelle les conseillers municipaux se glissaient, observant les événements, évitant de paraître y participer. Dans la partie de la salle réservée aux membres du conseil, et que les gardes nationaux occupaient, on s’efforçait de faire une place au docteur Crestin. On le hissa sur la table et on lui cria de tous côtés : « Parlez ! » Le docteur était fort embarrassé. Il était évidemment flatté d’avoir été désigné comme maire de Lyon, mais il n’avait pas confiance dans le mouvement, et il réitéra le refus qu’il avait déjà exprimé quand ou avait prononcé son nom. Il dit que « l’Assemblée nationale était