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IV

VERLAINE EMPLOYÉ. — L’AIGLE ET LE SOLEIL. —
L’HÔTEL-DE-VILLE. — LA GARDE AUX REMPARTS.
— LA COMMUNE. — VIE EN FAMILLE RUE NICOLET
(1864-1871)

Verlaine a été sept ans bureaucrate. Pourvu du diplôme de bachelier ès-lettres, et ayant satisfait à la conscription, — la veille du tirage au sort, ses parents s’étaient assurés contre le mauvais numéro, et il en tira un excellent, — il fallait songer à trouver à ce grand garçon de vingt ans une occupation régulière et lucrative. Ses parents estimaient, non sans raison, que la poésie était une industrie peu rémunératrice, et qu’il fallait chercher un autre « débouché ». Un jeune homme ne pouvait rester à rien faire. On lui avait accordé quelques semaines de vacances, qu’il passa gaîment et plantureusement à Lécluse et à Fampoux, chez les Dujardin et les Dehée, arpentant les champs, buvant de la bière aigre qu’il trouvait exquise, courtisant les maritornes des auberges rencontrées au hasard de ses courses, se régalant de rincettes de genièvre, chassant, fumant, aspirant par tous les pores la forte vie rustique qu’il aimait, et, entre temps, lisant, pour s’entretenir l’intellect, le Ramayana, dont il disait : « Par Indra ! que c’est