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Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/104

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PAUL VERLAINE

beau, et comme ça vous dégotte la Bible, l’Évangile, et toute la dégueulade des Pères de l’Église ! »

Rentré à Paris, en attendant mieux, il prit une inscription de droit. Il ne témoignait d’aucune aptitude professionnelle spéciale. Il était douteux qu’il fût jamais avocat ou homme d’affaires. On songeait, pour lui, à d’indéterminées fonctions bureaucratiques. Le diplôme de licencié pouvait être utile dans les ministères. Donc, en route pour l’école de droit. Il s’arrêta à mi-chemin, et fut surtout assidu aux cours des brasseries de la rive gauche et aux examens des caboulots de ce Quartier Latin où devait, vingt ans plus tard, s’enliser sa volonté et se perdre, avec son talent, ses forces et sa santé.

Le capitaine Verlaine n’admettait pas beaucoup ces déambulations, loin de sa vigilance attentive. Il se doutait de l’inutilité de ce stage d’étudiant. Il parlait à tout venant de son désir de « caser Paul ».

Sur la recommandation d’un ancien compagnon d’armes du capitaine, M. Darcet, officier retraité, faisant partie du conseil d’administration d’une compagnie d’assurances, Paul fut présenté et agréé dans les bureaux des compagnies l’Aigle et le Soleil réunies alors et ayant leur siège rue du Helder. La compagnie était dirigée par un M. Thomas, qui se faisait appeler à ce moment « de Colmar », en attendant qu’il devînt « M. le duc de Boïano ».

Pour parvenir à cette incorporation dans la paperasserie administrative, Verlaine avait été soumis à un stage professionnel chez un entraîneur spécial, nommé Savouret, tenant cours d’écriture, de tenue des livres et de comptabilité, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Pendant quelques mois il apprit à « écrire ». Les bacheliers ès lettres qu’on fabrique dans les lycées ne sont pas aptes