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Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/109

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VERLAINE EMPLOYÉ

lui mit sans doute en tête de se présenter à l’Académie. C’était une plaisanterie de compagnons fantaisistes, qu’il parut prendre un temps au sérieux. Il se dit, entraîné, échauffé par des libations exagérant la personnalité : « Pourquoi, moi aussi, ne serais-je pas académicien ? Un tel l’est bien !… » Mais cette poussée vaniteuse ne dura pas. Elle cessa avec les propos trop suggestifs qui l’avaient fait naître. Il n’eut le regret d’aucune gloriole échappée, d’aucune faveur ajournée ou refusée, parce que, même à l’époque où nulle objection tirée de ses désordres ne pouvait être faite à une sollicitation honorifique, il ne demanda rien.

Il aurait pu, après la publication des Poèmes Saturniens et des Fêtes galantes, postuler les palmes académiques, que M. Duruy venait d’instituer. Il refusa même de se présenter à la Société des Gens de lettres, où Charles Joliet s’offrait à lui comme parrain. Il était indifférent au lucre. Il se savait assuré, dans l’avenir, de quelques bonnes rentes, et cela sans doute le poussait à négliger les questions de gain. Il aurait pu, cependant, en passant l’examen de commis, qui était aisé, augmenter son traitement limité à 1800 francs. Mais il ne se préoccupait pas plus d’améliorer sa situation administrative que de gagner de l’argent avec sa plume. De ci de là, il plaça bien quelques articles dans les journaux littéraires, mais c’étaient des feuilles éphémères, où l’on ne payait pas, comme le Hanneton. Cette copie, vers ou fragments de critique générale et abstraite, ne rentrait aucunement dans les besognes régulières et marchandes du journalisme. À aucune époque de sa vie, même quand je lui fis ouvrir les colonnes de l’Écho de Paris, il ne fut capable de faire ce qu’on appelle du journalisme. C’est un art spécial et une production à part que la copie des-