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PAUL VERLAINE

che qui, au galop de deux chevaux fouettés, excités, l’emportait loin de la ville soulevée. Le petit homme laissait à l’abandon tous les services publics. Sa fuite avait été si prompte qu’il n’avait même pas songé à donner des ordres pour l’évacuation des ministères et des bureaux de la préfecture. Peu à peu, les chefs administratifs émigrèrent à leur tour, spontanément, de leur propre décision. Ils accouraient à Versailles, soit par zèle, soit par crainte. Ce ne fut que quelques jours après la dérobade que des chefs de bureaux, des employés vinrent à Versailles, sur mandat exprès, organiser des services provisoires. Aucun ordre régulier, hiérarchique, n’avait été communiqué aux employés secondaires de la Ville de Paris. Personne ne leur avait prescrit d’avoir à cesser de se rendre à l’Hôtel de Ville de Paris, comme ils en avaient l’habitude, et d’attendre chez eux le moment où ils seraient invités à rejoindre, à Versailles, le préfet et les grands chefs. Par la suite, le Gouvernement de Versailles fit paraître, dans les journaux dont il disposait, par conséquent peu lus à Paris, un avis recommandant aux employés de l’État et de la Ville de s’abstenir de tout service, et d’attendre les convocations qui leur seraient adressées, émanant de leurs chefs réguliers. Quelques-uns de ces empressés serviteurs, pour faire leur cour et mériter bonnes notes et avancement, sans attendre cette convocation, qui d’ailleurs ne parut jamais, plièrent bagage dès la première quinzaine, fuyant Paris en révolte, à l’imitation de M. Thiers. Ils arrivèrent à Versailles, effarés, exagérant l’effroi, grossissant les périls auxquels ils avaient échappé, mettant leurs manches de lustrine à la disposition du gouvernement. M. Thiers, à ces ronds-de-cuir, eût préféré des canons, avec leurs artilleurs. On ne s’occupa guère de ces plu-