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Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/128

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PAUL VERLAINE

les trois jours que j’avais passés sans donner de nouvelles.

Voilà le récit exact de cette aventure de fin de Commune. Il diffère seulement en quelques détails de la narration, d’ailleurs très sympathique, de Paul Verlaine, dans ses Confessions. J’ajouterai que, par la suite, dans une lettre en réponse à un article dont elle contestait certaines assertions, la femme de Paul Verlaine, aujourd’hui Mme Delporte, jeta ce mot, en guise de reproche : « Vous ne devez pas oublier que je vous ai sauvé la vie, sous la Commune. » Les souvenirs de l’ex-femme de Paul Verlaine, se rapportant trop peut-être au récit des Confessions, sont inexacts. Quand, avec Émile Richard, je suis venu frapper à la porte de Verlaine (nous étions dans le voisinage et Verlaine était mon meilleur ami), démarche naturelle en telle circonstance tragique, Mme Verlaine jeune avait quitté depuis la veille le domicile conjugal, pour aller rassurer son papa et sa maman. Ce n’est donc pas elle qui nous a donné asile. Elle ignorait notre présence, elle n’est revenue rue du Cardinal-Lemoine que le lendemain vers deux heures, et à peine était-elle réunie à son mari que nous quittions le toit qui nous avait hospitalisés. Je n’ai eu personnellement besoin d’aucun accessoire de costume, car je n’avais ni armes, ni uniforme. Émile Richard, il est vrai, par son entremise, put se procurer un chapeau de dimensions trop exiguës pour remplacer son képi suspect. Je reconnais que c’est Mme Verlaine jeune qui a trouvé dans la maison, auprès du propriétaire, ce couvre-chef qui pouvait être plus suspect que protecteur. Voilà à quoi s’est borné le sauvetage en question. Je n’en sais pas moins gré de l’intention à Mme Delporte, et si je précise ici la vérité des faits, c’est pour remettre les choses en leur