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Tour à tour, et parfois simultanément, poète, romancier, dramaturge, historien, philosophe, critique, journaliste, vulgarisateur scientifique, homme politique, il semblait destiné à une encyclopédique carrière.

Par la suite, Louis-Xavier de Ricard, qui vit encore et est toujours de mes amis, a eu une carrière accidentée et malchanceuse. Après avoir joué un rôle très actif dans la formation des groupes de Félibres, organisé des fêtes latines à Montpellier, où il contribua à la représentation du Pain du Péché, d’Aubanel, en patois languedocien, il devint rédacteur en chef de journaux importants du Midi, dont la Dépêche. Puis il fut candidat à la députation dans l’Hérault et faillit battre un ministre, M. Devès. Découragé, éprouvé par un deuil poignant, il s’expatria. On sut qu’il avait fondé un établissement agricole au Paraguay. Après de nouveaux déboires, il quitta Asuncion, revint en France, épuisé, vieilli, mais non abattu. Il se remit à des besognes littéraires obscures, et mal payées. Il travaille aujourd’hui dans divers journaux socialistes. Il fut comme un soleil littéraire, à l’aube de notre jeunesse, mais un soleil levant, qui s’embruma et disparut, avec quelques apparitions, derrière d’épais nuages.

Depuis, l’infatigable et laborieux publiciste a végété dans la pénombre de journaux et de librairies sans clientèle. Il est actuellement pourvu d’une place de conservateur dans un musée récent, à Azay-le-Rideau.

En 1863, Louis-Xavier de Ricard — dont le prestige d’homme déjà imprimé était grand à nos yeux, mais qui n’avait cependant ni l’autorité ni la volonté d’un chef de groupe, — avait employé l’héritage d’une tante à la fondation d’une Revue philosophique, passablement indigeste, nommée la Revue du Progrès. Elle eut les hon-