Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/149

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de Hernani, paraissaient favorables au lancement de notre journal l’Art, qui ne parvenait guère, lui, à révéler son existence, malgré le talent et l’intransigeance de ses collaborateurs.

Henriette Maréchal n’eut que quelques représentations. La première demeura célèbre, comme celle de Hernani, au point de vue du tumulte, s’entend. On vit, à la reprise, survenue vingt-cinq ans plus tard, combien la pièce méritait peu cet excès de défense et cette outrance d’attaque.

Verlaine avait une sympathie très réelle pour l’école réaliste, si éloignée pourtant de lui. Il ne dédaignait nullement les œuvres incorrectes et imparfaites de Champfleury, et m’avait signalé, comme lui ayant procuré du plaisir, les aventures de Mademoiselle Mariette et les Amoureux de Sainte-Périne. Je n’ai pas besoin de dire combien il s’inclinait devant la majesté du génie de Balzac. Un roman, complètement oublié aujourd’hui, de Ch. Bataille et Ernest Rasetti, Antoine Quérard, était indiqué par lui, et non sans quelque raison, comme une des plus vigoureuses productions de l’époque.

Il avait, à cette période de sa vie, comme conception poétique, l’objectivité descriptive, une adaptation des procédés de Leconte de Lisle, surtout de Victor Hugo. Les Poèmes Saturniens renferment un grand nombre de pièces qui sont purement descriptives et objectives. Toutefois, ici et là, perce la note intime, la sensation, l’impression sentimentale.

Ces Poèmes Saturniens, à leur apparition, ne produisirent aucune sensation. Le volume passa inaperçu des critiques, et si le Reliquaire, publié le même jour, eut bientôt une notoriété plus grande, elle ne se produisit pas immédiatement. La vogue du volume de Coppée