Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/160

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Et qui faisons des vers émus très froidement…
· · · · · · · · · · C’est l’étude sans trêve,
C’est l’effort inouï, le combat non-pareil,
C’est la nuit, l’âpre nuit du travail, d’où se lève
Lentement, lentement, l’Œuvre, ainsi qu’un soleil !


Ces préceptes, bien que donnés avec virulence, ne sont au fond que la reproduction des conseils du docte Boileau, qui recommandait aux jeunes poètes de son temps de travailler à loisir, malgré l’ordre pressant du prince ou du libraire, et de ne se point piquer d’une folle vitesse. En même temps, Verlaine anathématisait, au nom de la jeune école, qu’on allait appeler « parnassienne », les lakistes, non point seulement les Anglais, comme Wordsworth, Coleridge, ou Collins, mais les imitateurs exsangues de Lamartine, les élégiaques transis et les godiches soupireurs de romances pleurnichardes, populacières et bébètes.

Le succès des Poèmes Saturniens dans le public fut nul. La presse se tut, sauf le Nain Jaune, où Barbey d’Aurevilly, qui blaguait formidablement la jeune école, et cependant elle lui rendait ses mépris et ses facéties en admiration, écrivit :


Un Baudelaire puritain, combinaison funèbrement drôlatique, sans le talent net de M. Baudelaire, avec des reflets de M. Hugo et d’Alfred de Musset, ici et là, tel est M. Paul Verlaine…


La critique est peu juste, mais Barbey se préoccupait uniquement d’être violent, et coloré. Verlaine avait, au contraire, pour principale qualité, dans ses Poèmes Saturniens, la netteté. Il exprimait avec clarté des idées abstraites, avec logique des sensations subtiles, ce qui n’était pas un mince mérite. Il devait, par la suite, prendre le contrepied de cette poétique, en recherchant, au