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SA VIE, SON ŒUVRE

fussent détruites. Mais ce sont des avis qu’on ne suit jamais.

« Je t’en supplie, m’écrivait-il de Belgique, ne dis à personne que je t’écris, à personne ! de façon à ce qu’on ne sache rien de moi. Déchire ma lettre. Barre soigneusement ce post-scriptum, si tu tiens à conserver les farces ci-contre [vers intitulés Vieux Coppées, dizains ironiques, parodie des Intimités]. Garde mes vers pour toi seul, sans les communiquer à qui que ce soit… »

Du collège Notre-Dame, à Rethel, il m’écrivait, sous le coup de la même préoccupation de mystère, de silence et d’oubli :

« Ne communique mon adresse à personne. Ma famille, M. Istace [vieil ami de Mme  Verlaine mère] et Nouveau [le poète Germain Nouveau] sont les seuls à connaître mon actuelle Thébaïde. Donc motus, même aux anciens camarades [souligné], quels qu’ils soient, parnassiens, échotiers, courriéristes ou autres. Je ne veux plus connaître que juste de quoi remplir cette maison de Socrate qui s’appelle l’amitié. »

Verlaine, en dehors de quelques amis demeurés fidèles, et que n’effrayait point la légende de truand et de mauvais garçon, tels Émile Blémon, Valade et deux ou trois autres, a donc eu fort peu de correspondants, et je suis le seul auquel il ait écrit de sa prison, au moment le plus décisif de sa vie morale, celui de sa conversion religieuse et de son changement de poétique.

3o Enfin, on trouvera, ici et là, selon les époques, et se rattachant à des incidents de sa vie, des fragments inédits, des pièces de vers non publiées, à moi adressées, des ébauches d’œuvres dramatiques. Je serai très réservé sur cette publication, car, dans ses dernières années, au Quartier Latin, Verlaine, besogneux, et cherchant à