Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/259

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qui n’était ni révoqué, ni poursuivi, pouvait constituer un chef d’accusation, être envisagée comme un aveu de culpabilité. Il n’en fut rien. Verlaine ne prit pas la fuite. Il ne cessa de fréquenter les établissements publics où il était connu ; il se rendit aussi souvent que par le passé chez sa mère, rue Lécluse, où il eût été facile de le surprendre, si sa retraite rue Nicolet eût été ignorée de la police. On la connaissait et nul n’en avait cure. On dédaignait de poursuivre cet employé subalterne, classé comme inoffensif.

Il prit donc l’alarme un peu facilement. Peut-être, au fond, était-il désireux de profiter de la circonstance. Un peu las de la servitude, pourtant douce, du bureau, aspirant après l’indépendance, favorable, il est vrai, à l’inspiration poétique, il ne fut sans doute guère fâché du prétexte politique, qui lui permettait de ne plus retourner à l’Hôtel de Ville.

Le désir de se dissimuler, en changeant de quartier, et aussi la nécessité de réduire les dépenses en supprimant le loyer d’un appartement de 1.500 francs, afin de compenser la perte des appointements de la Ville, le conduisirent donc rue Nicolet. La vie en commun avec les beaux-parents eut cet inconvénient que les rentrées bachiques de Verlaine, inaperçues ou dissimulées grâce à un logis séparé, prirent des témoins, forcément peu indulgents. Les querelles qui s’en suivaient avec l’épouse fournissaient au père et à la mère, soutenant et plaignant leur fille, des griefs, lesquels, s’accumulant, produisirent l’effet classique de la suprême goutte d’eau : elles firent déborder le bonheur conjugal.

Cette ultime précipitation de trop-plein se produisit vers le mois d’octobre 1871. Un élément de discorde s’introduisit dans le ménage : Arthur Rimbaud fit, à cette