Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/278

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interprète, commis, marin. Il finit par se fixer à Chypre. Il y exploita, pour le compte d’une maison de Marseille, Bardey et Cie. Il parcourut l’Arabie, pénétra en Abyssinie, et fonda enfin un comptoir au Harrar.

Il entra en relations avec les autorités abyssiniennes, avec le ras Makonnen, et fut même en rapports avec Ménélik et avec M. Félix Faure, alors ministre de la Marine et des Colonies. Il dut négocier diplomatiquement pour le débarquement à Obock de l’outillage nécessaire à la fabrication de cartouches pour le compte du souverain d’Abyssinie.

Rimbaud avait réalisé, dans son commerce, une certaine fortune. Il voulut revenir en France. C’est le vœu banal de tous les coureurs d’aventures, la retraite au foyer natal. Un accident de cheval fut malheureusement l’origine d’un épanchement de synovie. En débarquant à Marseille, il dut entrer à l’hôpital et subir l’amputation de la jambe. Il revint à Charleville, souffrant, irritable, impotent. Il voulut se remettre bientôt en route pour l’Abyssinie, mais il lui fallut s’arrêter à Marseille, où il mourut, à l’hôpital de la Conception, le 10 novembre 1891. Il avait trente-sept ans.

Sa mort passa inaperçue. Son nom, cependant, n’était plus inconnu. Verlaine lui avait consacré une étude élogieuse, des citations de ses vers les plus étranges avaient attiré l’attention. Le sonnet des Voyelles était célèbre. Mais personne ne savait ce qu’était devenu le poète errant. Ses poésies furent publiées d’abord par M. Rodolphe Darzens, — cette publication donna même lieu à une saisie et à un procès en contrefaçon, — puis M. Paterne Berrichon les édita. Ce dernier, qui avait épousé la sœur du poète, Mlle Isabelle Rimbaud, a, en outre, publié une biographie complète de Rimbaud, avec