Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/292

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semblerait donner une acceptation des dites et griefs de sa femme, malgré le recours de l’opposition, et j’indiquais sommairement, avec une réserve que l’on comprendra, les motifs qui dictaient ces conseils. J’estimais certainement que la vie commune n’était plus guère possible entre les deux époux, et qu’à cet égard le jugement de séparation serait plutôt, pour tous les deux, un bien. Toutefois, dans l’intérêt de mon ami, prenant sa défense dans le présent, mais surtout envisageant l’avenir, je lui conseillais de résister, de contester les articulations de faits, d’exiger une enquête, en un mot, de faire tout ce qui constitue la défense sérieuse dans un procès en séparation de corps ou en divorce, surtout à raison de certaines articulations précisées par sa femme. Je redoutais qu’en se laissant condamner, il ne parût justifier ou accepter ses dires, et que créance ne fût accordée par la suite aux imputations calomnieuses portées contre lui, notamment en ce qui concernait ses relations avec Rimbaud.

Verlaine me répondit par le plus proche courrier :


Mon cher Edmond,

Par un inconcevable retard de la poste, pourtant si bien faite ici, je n’ai reçu que ce matin, dimanche 10, ta lettre du 7. Or, la poste ne fonctionne pas le dimanche en Angleterre ; impossible de te répondre plus vite que je ne le fais, c’est-à-dire de t’écrire ceci, ce soir, pour jeter à la boîte tout à l’heure. Ça partira à 5 heures du matin, et j’espère que le soir, vers 5 heures, tu auras ma lettre.

Certes oui, je vais me défendre comme un beau diable, et attaquer moi aussi. J’ai tout un paquet de lettres, tout un stock « d’aveux » dont j’userai, puisqu’on me donne l’exemple. Car je sens qu’à ma très sincère affection, tu en as été témoin cet hiver, succède un parfait mépris, quelque chose comme le sentiment des talons de bottes pour les crapauds. Et je te