Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/320

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Rien de neuf ici, si ce n’est la présence, entre autres tableaux français (Manet, Monet, Harpignies, Renoir, etc.), du Coin de Table de Fantin. Nous sortons de nous revoir. Ç’a été acheté 400 livres (10.000 francs) par un richard de Manchester. Fantin for ever ! Il y a aussi une dizaine de tableaux de fleurs vendus proportionnellement aussi bien.

Je vais porter chez l’imprimeur les Romances sans paroles, 4 parties :

Romances sans paroles. — Paysages belges. — Nuit falote (xviiie siècle populaire). — Birds in the night.

Avec ceci pour épigraphe :


« En robe grise et verte avec des ruches,
Un jour de juin que j’étais soucieux.
Elle apparut souriante à mes yeux,
Qui l’admiraient sans redouter d’embûches. »


400 vers à peu près en tout, tu auras ça dès paru, c’est-à-dire en janvier 1873.

Envoie-moi donc ta nouvelle adresse, je l’ai perdue. Et des vers, si tu en fais encore, homme occupé.

Ton vieux fidèle,
P. Verlaine.


Rimbaud, cependant, avait quitté son ami. L’aventureux garçon, déjà pratique et fort égoïste, estimait n’avoir plus rien à faire en Angleterre. Il avait mis à profit son séjour à Londres, aux frais de Verlaine. Il avait fréquenté le British Museum, autant que les tavernes, s’était initié aux mœurs britanniques, avait appris l’anglais, acquis de plus de l’expérience, et fait comme un apprentissage de sa future carrière d’explorateur, de commerçant, d’homme d’affaires. Ce séjour à Londres lui fut fort utile. C’est là qu’il se mua en homme pratique, qu’il devint apte aux choses de commerce.

Verlaine, séparé de celui qu’on considérait comme son inséparable, fut saisi par l’ennui, dans son isolement londonien. Il cessa de m’adresser ses croquis humoristiques. Il souffrait d’une double nostalgie. L’éloigne-