Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/321

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ment de Rimbaud le laissait tout entier à ses pensées, le livrait à l’ennui, et le souvenir de sa femme, les soucis du procès en cours, lui rendirent plus intolérables la solitude et l’exil. Il tomba malade et pensa mourir. Il télégraphia à sa mère, à sa femme et à Rimbaud, les suppliant de venir. Il me fit part, seulement quelques jours après, de sa maladie et de son désarroi, n’ayant pas eu, dit-il, ma nouvelle adresse, qu’il me réclamait dans sa dernière lettre.


Londres, samedi.
Mon cher ami.

Si je ne t’ai pas écrit, c’est par l’unique raison que j’ignorais ta nouvelle adresse, sans quoi tu eusses reçu, voilà huit jours, en même temps que les deux ou trois que je considère comme mes amis sérieux, une espèce de lettre de faire-part, où je leur faisais mes adieux.

En même temps, je télégraphiais à ma femme de venir vite, car je me sentais positivement crever. Ma mère seule vint, et c’est d’elle que je tiens ton adresse nouvelle.

Deux jours après, Rimbaud, parti d’ici depuis plus d’un mois, arrivait, et ses bons soins, joints à ceux de ma mère et de ma cousine, ont réussi à me sauver cette fois, non certes d’une claquaison prochaine, mais d’une crise qui eût été mortelle dans la solitude.

Je te supplie de m’écrire. J’ai bien besoin de témoignages amicaux. Dis-moi où en est le référé ?

Je m’occupe de mon petit volume, seulement j’aurais besoin d’un type. Veuille donc m’acheter un exemplaire des Fêtes Galantes, et me l’envoyer vite. Je te rembourserai immédiatement.

L’heure me presse, et d’ailleurs ma faiblesse est extrême.

Je te serre la main.
P. V., toujours à Howland Street,
34-35, W.


Inquiet sur l’état physique et moral de mon ami, je m’empressai de lui écrire. Il me rassura en ces termes,