Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/367

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impuretés et les scories de l’âme, et il admire et célèbre, en artiste, le lugubre bâtiment, qu’il qualifie de « château qui luit tout rouge et dort tout blanc », où on l’a tenu enfermé seize mois. Non seulement il ne témoigne pas de cette hostilité qu’on a contre les choses qui ont contribué à votre souffrance, à votre oppression, haine inquiète et naïve, puisqu’il s’agit d’objets insensibles, inconscients, irresponsables, haines vivaces et sincères pourtant chez nombre de gens, mais encore éprouve-t-il comme la nostalgie de la prison, longtemps après en être sorti. Au lieu d’un sentiment d’animosité puéril, mais commun à bien des hommes faits, qui conservent du ressentiment contre la maison même où ils ont souffert, évitent de passer dans son voisinage, et maudissent son souvenir, il fit montre d’une reconnaissance étrange envers sa geôle, et aussi envers ses geôliers. Les directeurs des services pénitentiaires au ministère de l’Intérieur devraient faire lire du Verlaine à leurs détenus, le dimanche, en guise de sermon laïque.

En prose, en vers, Verlaine a témoigné de l’excellent souvenir gardé de cette prison de Mons, assez intéressante extérieurement, bien qu’il n’y ait point de belles prisons pour le penseur, s’il en est de pittoresques pour l’artiste.

Dans son livre des Prisons, il s’exprime flatteusement ainsi sur l’aspect de la maison d’arrêt, tout ce qu’il connaissait de la ville, car il ne visita Mons que beaucoup plus tard, lors de son voyage en Hollande, en 1892 :


La prison de la capitale du Hainaut est une chose jolie au possible. De brique rouge pâle, presque rosé à l’extérieur, ce monument, ce véritable monument, est blanc de chaux et noir de goudron intérieurement, avec des architectures sobres d’acier et de fer. J’ai exprimé l’espèce d’admiration causée en