Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/368

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moi par la vue, à la toute première vue, de ce désormais mien « château », dans des vers, qu’on a voulu trouver amusants, du livre Sagesse, dont la plupart des poèmes d’ailleurs datent de là : « J’ai longtemps habité le meilleur des châteaux… » (Mes Prisons, p. 45.)


Dans une pièce d’Amour et non de Sagesse, comme le dit Verlaine à tort, intitulée « Écrit en 1875 », — et qui m’est dédiée, — composée à Stickney, en Angleterre, où il était professeur, Verlaine célèbre d’abord l’architecture, puis l’intérieur, enfin l’ameublement pénitentiaire. Il trouve tout ce décor admirable et le mobilier parfait. Il avait une table, une chaise, un lit strict, du jour suffisamment et de l’espace assez. Et il consigne, attendri par ces souvenirs, son regret des deux ans passés dans « la tour ». C’était pour lui la paix réelle et durable. Ce silence et cet apaisement convenaient à son âme endolorie. Comme un blessé, il avait besoin d’ombre et de tranquillité. Il reproduit la fameuse parole de Pascal, sur toutes nos calamités, qui proviennent de ce qu’on ne sait demeurer dans une chambre. Il ajoute à cette phrase du grand penseur un vers superbe, digne de l’auteur des Provinciales : « Le malheur est bien un trésor qu’on déterre. » Il formule nettement et admirablement son bonheur d’alors : la possession de biens que nul n’envie, le sentiment qu’on n’a pas de jaloux, le dédain de la gloriole, car elle intervient toujours, cette préoccupation de l’opinion des hommes, qui, encore selon ce même Pascal, pousse ceux qui écrivent contre la gloire à avoir la gloire d’être bons écrivains, et il exprime la sérénité de cette existence recluse, partagée entre ces deux bienfaits, la prière et l’étude, avec, pour délassement, un peu de travail manuel. Ainsi les saints, dit-il.