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Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/371

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ordonnée, à l’union conjugale, à l’oubli, au pardon. La conversion réalisée, dont il se félicitait, l’absolution obtenue, qu’il avait sollicitée, lui semblaient incomplètes sans le retour à lui de l’épouse toujours irritée, refusant de pardonner. La pensée de son fils, qu’il ne devait jamais embrasser, ajoutait à ce chimérique espoir de reprendre la vie commune et d’effacer le passé.

Les lettres suivantes, écrites de la prison de Mons, établissent nettement ce nouvel état d’âme de Verlaine. Dans presque toutes, à côté de l’absente, il est question des Romances sans paroles, spirituelle consolation.

Voici l’historique de ce délicat et subtil recueil, l’œuvre la plus intense peut-être de Verlaine, variée et une à la fois, et où se trouvent fondues les deux formules de la description objective, de la représentation des formes, des conceptions imaginatives, des souvenirs extérieurs [Paysages belges, Ariettes oubliées, Aquarelles], et l’analyse subjective, l’expression des sensations personnelles, la description des douleurs du moi. [Birds in the night.]

On a vu, dans l’un des chapitres précédents, que les pièces dont se compose le volume intitulé Romances sans paroles ont toutes été écrites de 1872 à 1873, durant les séjours de Verlaine en Belgique, dans les Ardennes et à Londres. Il avait cherché un éditeur et n’en avait point trouvé. Diverses démarches tentées par moi furent également vaines. Les volumes de vers n’ont pas la vertu d’attirer les éditeurs. Ces intermédiaires nécessaires entre l’auteur et le public se montrent rébarbatifs à la vue de manuscrits aux lignes inégales. Même en offrant de supporter les frais de l’impression, l’auteur infortuné rencontre assez difficilement preneur pour ses rimes. Ici, la difficulté se compliquait d’une sorte d’os-