Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/379

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forces sur la prière ci-dessus. Je compte donc bien fermement sur une prompte réponse. Fais tes lettres les plus pleines possible, écris lisiblement à cause du greffe. À bientôt donc, n’est-ce pas ? je te serai plus reconnaissant que tu ne penses de cette marque d’amitié.

Ton dévoué
P. Verlaine.

L’adresse : À M. le directeur de la maison de sûreté cellulaire à Mons (Hainaut) Belgique : et en tête de la lettre tu mets : Prière de faire parvenir au condamné correctionnel, Paul Verlaine, pistole, cellule 252.


Je lui envoyai, selon désir témoigné, un feuillet des épreuves de son livre, afin qu’il en connût, bien avant l’apparition, le papier, le format, les caractères typographiques, et tout le dispositif. Il était encore temps, sauf pour le papier, dont l’achat était fait, de modifier l’aspect et le format du volume. J’attendais les observations de l’auteur pour continuer ou refaire. Il devait par la suite émettre quelques critiques, notamment sur le format, qui donnait un peu le caractère d’une brochure politique ou médicale à ce petit recueil, mais je ne pouvais, à Sens, avec une imprimerie de journal, choisir entre beaucoup de formats de librairie. Dans le premier moment il ne me fit aucune observation, et se déclara satisfait. Il avait, quand mon échantillon lui parvint, autre chose en tête. Il subissait une nouvelle et violente crise passionnelle, et sa pensée était distraite de la poésie, de la publicité ; il n’avait qu’une préoccupation : les agissements des habitants de la rue Nicolet, et de tout le reste, pour l’instant, il n’avait cure, ainsi qu’en témoigne la lettre suivante. On remarquera qu’il date singulièrement. Il ne sait plus au juste le quantième. Est-ce le 24 ou le 28 ? Il l’ignore. Les jours ont passé sans laisser de trace, dans cette cellule, où le visite, pour le