Aller au contenu

Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mort qu’on éveille, je vous apporte un mauvais message. Du courage ! Lisez !

Et il lui tendit un papier timbré. C’était la signification du jugement du tribunal civil de la Seine prononçant la séparation de corps d’entre le sieur Paul Verlaine et la dame Mathilde Mauté, son épouse.

Brusquement s’écroulaient tous les rêves d’apaisement, de réconciliation, de bonheur reconquis et de régularité retrouvée, qui avaient hanté l’esprit de Verlaine, avec des alternatives de violences, d’indignations, de menaces même, dont on a trouvé les traces dans les lettres reproduites plus haut. En cellule, les espérances de récupérer la vie conjugale s’étaient probablement encore avivées. Ses rêveries lui paraissaient réalisables. N’étant pas détrompé par les faits, puisqu’il ne recevait aucune lettre, et que sa mère, dans ses visites, le tenait dans l’ignorance des agissements de son ex-famille, il vivait dans le mensonge du songe. Le coup fut rude et la botte bien à fond. Il s’abattit, percé de part en part. Il ne devait pas succomber alors, mais la blessure fut profonde, incurable.

Il a lui-même fait le récit de l’assommade éprouvée, et du relèvement singulier qui suivit la communication du directeur :


Je tombai en larmes sur mon pauvre dos, sur mon pauvre lit. Une poignée de main et une tape sur l’épaule du directeur me rendirent un peu de courage, et une heure ou deux après cette scène, ne voilà-t-il pas que je me pris à dire de prier monsieur l’aumônier de venir me parler. Celui-ci vint et je lui demandai un catéchisme. Il me donna aussitôt celui de persévérance de Mgr Gaume.


Et la conversion fut ainsi opérée. On voit, par la façon même dont Verlaine en rend compte, qu’elle eut quel-