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l’institution de Stickney. Il écrivit à sa mère, qui vint le trouver à Arras.

Il mena, dans cette froide et morne ville de garnison, une vie calme, et, s’il faut en croire la lettre suivante, très rangée. On verra qu’il s’occupait à revoir son manuscrit de Sagesse, en vue d’une publication qu’il estimait prochaine, et qui n’eut lieu qu’en 1880.


Arras, le 2 août 1876.

Cher Ami,

Je viens te rappeler ta promesse, et vais compter les jours jusqu’à l’arrivée dans ma solitude de cette première partie du Chien du commissaire [un roman de moi].

Tu accompagneras cet envoi d’une bonne lettre bien longue, avec « plenty of détails » sur toutes choses, littérature, etc.

Ici, je vis de plus en plus en ermite. Ai même renoncé au café Sans-Peur, où ne vais plus que les après-midi des samedis pour voir les images dans les journaux illustrés. Le reste de la semaine, le Figaro, acheté au kiosque, — car nous avons un kiosque ici, depuis quelque temps, — suffit à ma consommation d’actualité. Je versifie à mort et m’occupe beaucoup d’anglais.

Je t’envoie deux fragments de mon livre Sagesse, qui sera prêt vienne octobre (époque de mon retour à Paris).

Sois indulgent à ces productions, et toi-même, si tu as quelque chose en portefeuille, n’oublie pas de « fader ».

Ton vieux,
P. Verlaine.

2, impasse d’Elbronne, Arras (Pas-de-Calais)

Maman se joint à moi pour te charger de tous nos compliments chez toi.


Il retourna en Angleterre, et se fixa à Boston, à côté de Stickney, avec le désir de vivre en donnant des leçons particulières. Mais, soit pénurie d’élèves, soit défaut de « présentations », il ne réussit pas, et de nouveau il chercha un établissement où être attaché. Il entra bien-