chez les parents de son ami, lisant, fumant, rêvant, écrivant peu, ruminant son existence, résolut de devenir, de paysan amateur, véritable agriculteur. Les parents de Létinois l’encouragèrent, le stimulèrent. Peut-être firent-ils agir leur fils, et usèrent-ils de son influence pour décider le pensionnaire à se mettre dans ses meubles, c’est-à-dire dans ses terres.
Verlaine fit venir sa mère auprès de lui, qui, toujours désireuse de complaire à son fils, redoutant pour lui les tentations de la ville, ne goûtant que médiocrement la profession de poète lyrique, approuva fort son projet de s’installer, de devenir fermier. Une ferme fut donc achetée à Juniville. C’est un chef-lieu de canton de l’arrondissement de Rethel ; la Retourne divise ce bourg, où il y a, comme industrie, des filatures de laine peignée, et où le commerce des bestiaux a une certaine importance. Ancienne ville fortifiée, c’est auprès de Juniville que Turenne a campé avant la bataille de Rethel.
L’acquisition fut faite au nom de Létinois père. Verlaine prétexta le danger qu’il y aurait à mettre sous son nom une propriété qui pourrait être visée par sa femme, poursuivant ses reprises, et devant réclamer provision et dépens, à la suite de l’instance en séparation de corps. En réalité, il n’avait aucune crainte de ce genre à avoir ; les frais de l’instance avaient été liquidés et payés. La séparation de biens était issue de la séparation de corps, bientôt transformée en divorce ; il n’y avait pas à redouter de poursuites de ce côté. D’ailleurs, Verlaine aurait pu mettre la propriété au nom de sa mère. Celle-ci fut, d’ailleurs, peu satisfaite de cet arrangement, et elle laissa son fils en proie aux Létinois.
Le fermier avait paru surtout s’intéresser aux jeux de lumière parmi les arbres, au matin clair et au cou-