Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/435

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maître et de son élève n’avait pas manqué de susciter de méchants propos.

Ce séjour à Londres, tranquille, où l’on vivait ignoré, abrité, ne pouvait se prolonger, l’argent faisant défaut. Il fallut songer à regagner Paris. La maman Verlaine était là. Auprès d’elle, on trouverait l’affection si douce et la pitance si nécessaire. Et puis, le père Létinois, ayant bazardé la ferme de Verlaine, était venu s’établir dans la banlieue de Paris, à Ivry (Seine), rue de Paris, no 14. Verlaine et sa mère logèrent alors à Boulogne-sur-Seine, rue des Parchamps.

Durant cette période, séjour à Paris, entre deux essais de vie rustique (1881-1883), Verlaine fit les démarches, dont on a vu plus haut le résultat négatif, pour obtenir sa réintégration d’employé dans les bureaux de la Préfecture. En même temps, il s’efforça de reprendre pied dans la vie de Paris, dans le monde littéraire. Ce fut le temps où je le présentai au Réveil, en même temps qu’il publiait, sans aucun succès, sans le moindre retentissement, Sagesse chez l’éditeur Palmé. Nous reviendrons, dans le chapitre suivant, sur cette seconde incarnation de Verlaine poète, sur cette résurrection littéraire pour ainsi dire, mais nous devons terminer l’exposé de sa carrière de cultivateur.

Une catastrophe s’abattit sur lui, brusquement. Lucien Létinois tomba malade. La fièvre typhoïde bientôt l’emporta. C’est à l’Hôpital de la Pitié qu’il succomba. Verlaine éprouva un violent chagrin. Dans son livre Amour, il a exhalé sa douleur, en vers admirables, égaux, sinon supérieurs à ceux des Contemplations, où Victor Hugo a pleuré la mort tragique de sa fille Léopoldine.

Il a trouvé, pour noter ce requiem, d’un lyrisme et