et de vertu, que ne prirent pas toujours, par la suite, les camaraderies tapageuses et débraillées du poète. Il a ainsi défini son sentiment pour Lucien, ange gardien, bon conseil, planche de salut dans le naufrage des passions :
Tu vins au temps marqué, tu parus à ton heure.
Tu parus sur ma vie et tu vins dans mon cœur,
Au jour climatérique où, noir vaisseau qui sombre,
J’allais noyer ma chair sous la débauche sombre,
Ma chair dolente, et mon esprit jadis vainqueur,
Et mon âme naguère et jadis toute blanche !…
… Je t’estime et je t’aime, ô si fidèlement
Trouvant dans ces devoirs mes plus chères délices.
Déployant tout le peu que j’ai de paternel,
Plus encor que de fraternel, malgré l’extrême
Fraternité, tu sais, qu’eut notre amitié même,
Exultant sur ce presque amour presque charnel.
Presque charnel à force de sollicitude
Paternelle vraiment et maternelle aussi…
Et il ajoute cette déclaration d’amitié, qu’il convient de retenir, et qui doit servir de bouclier contre les traits de la calomnie et de la légendaire imputation dont la mémoire de Verlaine est encore criblée :
… Soyons tout l’un pour l’autre, en dépit de l’envie,
Soyons tout l’un à l’autre en toute bonne foi.
Allons, d’un bel élan qui demeure exemplaire,
Et fasse autour le monde étonné chastement,
Réjouissons les cieux d’un spectacle charmant,
Et du siècle et du sort défions la colère.
Nous avons le bonheur ainsi qu’il est permis.
Toi, de qui la pensée est toute dans la mienne,