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n’y trouvera rien, il l’espère, de contraire à cette charité que l’auteur, désormais chrétien, doit aux pécheurs, dont il a, jadis et presque naguère, pratiqué les haïssables mœurs.

Deux ou trois pièces, toutefois, rompent le silence qu’il s’est en conscience imposé à cet égard, mais on observera qu’elles portent sur des actes publics, sur des événements dès lors trop généralement providentiels, pour qu’on ne puisse voir dans leur énergie qu’un témoignage nécessaire, qu’une Confession sollicitée par l’idée du devoir religieux et d’une espérance française.

L’auteur a publié très jeune, c’est-à-dire il y a une dizaine d’années, des vers sceptiques et tristement légers. Il ose compter qu’en ceux-ci nulle dissonance n’ira choquer la délicatesse d’une oreille catholique : ce serait sa plus chère gloire, comme c’est son espoir le plus fier.

Paris, 30 juillet 1880.


Les sentiments édifiants dont témoigne cette préface, bien faite pour toucher « les oreilles catholiques », ne persistèrent pas absolument. Il est vrai que les susdites oreilles demeurèrent très sourdes aux accents pieux du poète converti, assagi, moralisé. Les volumes subséquents, notamment certaine plaquette intitulée Femmes, imprimée et distribuée sous le manteau, témoignent d’un retour aux vers, sinon sceptiques et impies, du moins légers. Il faut reconnaître, toutefois, que, par la suite, Verlaine ne fit montre d’aucun retour irréligieux, et se montra toujours respectueux des croyances et des pratiques cultuelles de son enfance, reprises, au moins poétiquement, après les orages et les cataclysmes de l’âge mûr.

Verlaine, malgré l’insuccès de Sagesse, et peut-être à raison de ce déboire, voyant diminuer ses ressources, sa mère, et pour cause, se montrant plus récalcitrante quant aux versements de fonds, résolut courageusement de « vivre de sa plume ». Il avait, depuis longtemps,