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Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/468

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eux les novateurs de 1868 ! Ces jeunes hommes, dont bien peu, du reste, laissèrent une trace, faisaient, comme c’est l’usage, le procès de la génération précédente, qu’ils connaissaient mal, avec laquelle ils n’avaient pas eu l’occasion de se rencontrer. Il y avait, entre aînés et cadets, le fossé de 1870. Par conséquent, ils n’avaient épousé ni les querelles, ni les rancunes de nos camarades. Ils ne tournaient pas le dos à Verlaine, en murmurant hypocritement des histoires d’aventures conjugales et judiciaires, travestissant les faits et interprétant à leur façon la condamnation de Belgique. Ils ignoraient ces potins, et, les eussent-ils connus, que l’accusation les eût fait sourire ; elle eût même recommandé celui qui en était l’objet à leur sympathie, presque à l’admiration.

Ils ignoraient aussi Verlaine. Les plus érudits avaient vaguement entendu parler des Fêtes Galantes. On supposait l’auteur mort, disparu, retiré, éteint.

On fit connaissance. Léo Trézenik, qui était le rédacteur en chef de Lutèce, accueillit quelques poèmes de Verlaine, notamment le fameux Art poétique, dont il m’avait fait part, dès la prison de Mons, qui attira l’attention des poètes nouveaux, Tristan Corbière, Laforgue, Vielé-Griffin. Verlaine donna alors à Lutèce des études sur quelques écrivains dédaignés, mal connus, ou n’ayant pas reçu le salaire de gloire auquel, selon lui, ils avaient ample droit. Ces articles servirent à Verlaine d’entrée en relations avec l’éditeur Léon Vanier. Ils parurent, par la suite, sous ce titre : les Poètes maudits.

Les Poètes maudits, biographies où il y a beaucoup d’autobiographie, tiennent une place plus importante dans l’existence de Verlaine que dans son œuvre. Ce sont, pour la plupart, des études sommaires de personnalités curieuses, de porte-lyre plus atteints d’étrangeté que de