Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/489

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elle aucun mauvais traitement. Le tribunal crut le témoignage de l’ennemi personnel de Verlaine.

Car cette querelle domestique fut portée devant la justice. Dane avait prévenu les gendarmes. Ils se transportèrent d’Attigny à Coulommes, et firent leur procès-verbal. On ne put arrêter le procès. Ceci semblerait indiquer l’influence de ce témoin, et le peu de volonté et d’indépendance alors de Mme Verlaine, car moi qui ai connu l’excellente femme pendant une période de trente années, et qui ai constaté tant de fois son indulgence égale à son amour pour son fils, je ne puis admettre qu’elle ait eu tout son libre arbitre, qu’elle fût maîtresse de ses actions, quand elle consentit à ce que son enfant, son bien-aimé Paul, fût l’objet d’une poursuite judiciaire pour manque de respect à son égard. Ayant toute sa liberté d’esprit, elle aurait pu souffrir et pleurer en silence sur les désordres et les emportements de son fils, elle ne l’eût jamais livré aux tribunaux. Non ! je me refuserai toujours à admettre que, de son plein gré, cette mère si compatissante, si résignée, si prête à toujours et à tout pardonner, ait cherché à faire punir son Paul adoré, par la justice. Pour une violente et intempestive demande d’argent, voire une menace, elle était incapable de réclamer contre lui des tribunaux les pénalités des art. 305 et 307 du Code pénal, prononçant contre l’inculpé l’amende et l’emprisonnement de deux à cinq ans, c’est-à-dire la maison centrale, avec surveillance de la haute police ! Sa déposition même, devant le tribunal de Vouziers, prouve que, si elle accusa son fils ce jour-là, devant les gendarmes, son accusation lui était suggérée, et la teneur dépassait sa volonté, exagérait sa plainte.

Le tribunal correctionnel séant à Vouziers, bien qu’in-