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Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/509

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l’autre, que pour en quelque sorte vous regretter, et si ma dignité d’homme, moins relativement, mais pas beaucoup moins misérable que le plus tristement dénué de vos habitués, et mon juste instinct de bon citoyen ne voulant pas usurper pour lui les places tant enviées par tant de pauvres gens, me précipitèrent souventes, et souvent prématurées fois, hors de vos portes, si bénies à l’arrivée, mais pas plus qu’à la sortie, soyez assurés, bons hôpitaux, qu’en dépit de toute monotonie nécessaire et d’un régime forcément sévère, et des inconvénients inhérents, en définitive, à toute situation humaine, je vous garde un souvenir unique parmi tant d’autres remembrances infiniment plus maussades, que la vie extérieure m’a fait, me fait encore, et me fera subir sans nul doute, encore et toujours.


Les tableaux pittoresques, les souvenirs, les réflexions, à propos de lectures et de détails autobiographiques forment la matière des 75 pages de ce volume, publié chez Léon Vanier, à la date de 1891, avec un portrait très réussi, très vivant, de F.-A. Cazals. Verlaine se dresse, claudicant, en costume hospitalier, avec la longue robe de chambre, la chemise déboutonnée au col, et coiffé d’un bonnet.

Ce volume, qui fut réclamé en hâte par l’éditeur Vanier, désireux de rentrer dans quelques avances, en publiant de la prose de Verlaine, pour laquelle une petite clientèle se dessinait, ne donne pas exactement les sentiments qu’éprouva le poète durant ses divers séjours à l’hôpital. Ce sont des réflexions à côté, et des commentaires journalistiques.

Les quelques lettres suivantes, datées de Broussais, Tenon, Vincennes, Saint-Antoine, donneront plutôt une note exacte de l’hospitalisation et de l’hospitalisé. Elles contiennent l’expression sincère des réflexions et des pensées de Verlaine, retenu « dans ces bastilles de la Mistoufle et du Bobo ».