Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/508

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aux geôliers dont il fut l’hôte forcé, il se montra également plein de mansuétude et même de reconnaissance pour « ses hôpitaux ». Il disait « mes hôpitaux » comme un châtelain parle de « ses terres » où, quittant la ville, il se rend, de temps en temps, reprendre des forces et jouir du repos.

Il leur a consacré, comme à « ses prisons », un livre plein de bonhomie, teintée par places d’amertume gouailleuse et d’ironie, mais où ne se rencontre nulle plainte hargneuse contre le personnel hospitalier, aucune malédiction sur le corps médical, pas d’anathème à la société. Il fut d’ailleurs soigné, avec de délicats égards, dans plusieurs de ces asiles, et il n’a témoigné d’aucun grief envers l’Assistance publique, souvent attaquée non sans raison.

Une exception, cependant, à signaler. Un interne des hôpitaux se montra dur, grossier même, envers lui. Cet interne, nommé Grandmaison, a, d’ailleurs, reçu la punition qu’il méritait. Son nom est demeuré cloué au pilori durable de la poésie. Verlaine, qui d’ordinaire était clément, n’a pas pardonné à ce morticole impitoyable. Une « invective », d’une facture d’ailleurs médiocre, lui est adressée.

Cette malédiction est exceptionnelle, comme la dureté qui l’a motivée. Verlaine, à la fin de son petit livre Mes Hôpitaux, a, au contraire, témoigné de sa reconnaissance pour le corps médical qui l’a soigné, qui, ne pouvant le guérir, lui rendit la maladie supportable ; il a même adressé ce salut cordial aux établissements hospitaliers où il avait séjourné :


Hors ça ! mes hôpitaux de ces dernières années, adieu ! sinon au revoir ! alors salut ! en tous cas. J’ai vécu calme et laborieux chez vous ; je ne vous ai pas quittés l’un après