Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/551

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laine n’est pas une personne haineuse. Elle a toujours été très bonne pour son fils. On peut supposer même qu’elle n’est pas restée indifférente à la gloire de l’homme dont elle a porté le nom. Il est possible que, dans les derniers mois, elle ait consenti, et même facilité un rapprochement entre le père et le fils. Mais on a vu, par toute la correspondance et par les récits de la vie de Verlaine, qu’il a toujours inutilement réclamé l’adresse de son fils. Cette adresse lui fut toujours cachée, comme cette joie d’embrasser l’enfant, devenu homme, jusqu’à sa dernière heure lui fut interdite.

C’est en déployant un journal du matin, que j’appris soudainement, et sans que rien m’y préparât, la mort de Paul Verlaine.

J’ai su depuis qu’il m’avait appelé au moment de mourir, ainsi que François Coppée.

On négligea de nous informer par une dépêche, comme on avait tenu secrète sa maladie. Il y avait déjà quelque temps que je n’avais reçu des nouvelles de Verlaine, mais dans le tourbillon des affaires, des travaux, n’ayant pas eu le temps d’aller lui serrer la main, je pensais, rassuré par l’optimisme du proverbe : « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles », qu’il n’était pas survenu d’aggravation dans son état maladif, auquel on n’était que trop accoutumé.

En rentrant chez moi, le soir des obsèques, j’ai trouvé un chiffon de papier, à l’adresse d’ailleurs mal mise, m’informant que, si je voulais voir une dernière fois mon ami Paul Verlaine, je n’avais qu’à me rendre rue Descartes. Cet avis, en tous cas bien tardif, était signé d’Eugénie Krantz, la compagne des derniers jours du poète, celle chez qui il venait de rendre le dernier soupir. Cette personne survécut peu au poète. L’alcoolisme,