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cordons du poêle étaient tenus par MM. Maurice Barrès, François Coppée, Edmond Lepelletier, Catulle Mendès, Robert de Montesquiou.

Le ministère des Beaux-Arts était représenté par M. Roujon, son directeur.

Le deuil était conduit, en l’absence de Georges Verlaine, par Charles de Sivry, son oncle.

Voici les discours qui ont été prononcés :


DISCOURS DE M. MAURICE BARRÈS


La jeunesse intellectuelle dépose sur cette tombe l’offrande de son admiration.

Paul Verlaine n’avait point de fonctions officielles, ni de richesses, ni de camaraderies puissantes. Il n’était pas de l’Académie, pas même au titre d’officier. C’était un exilé, et qui se consolait de son exil, très simplement, avec le premier venu de « l’Académie Saint-Jacques » ou avec les derniers arrivés de la littérature.

Cette figure populaire, nous n’aurons plus le bonheur de la rencontrer. Mais ce qui était en lui d’essentiel, c’étaient sa puissance de sentir, l’accent communicatif de ses douleurs, ses audaces, très nues à la française et ces beautés tendres et déchirantes qui n’ont d’analogue que dans un autre art, l’Embarquement pour Cythère.

Or, tout cela demeure vivant. Et ce qui n’est plus dans ce cercueil vit dans nous tous ici présents.

C’est pourquoi nous ne venons point pleurer, regretter son génie sur sa tombe, mais nous venons l’affirmer.

Après tant d’hommages que, depuis douze ans, la jeunesse a donnés au maître Paul Verlaine, c’est un témoignage plus solennel encore que nous apportons dans ce lieu où se joignent à nous en pensée les jeunes lettrés des pays étrangers.

La constante fidélité des jeunes au maître que tous les critiques ignoraient ou bafouaient est un acte important et dont je veux dégager la signification.

Si l’on admet, comme c’est notre opinion, que le culte des héros fait la force des patries et maintient la tradition des