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Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/64

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PAUL VERLAINE

les logarithmes, mais assez ignorant du reste des choses. Un jour de distribution de prix, car je fus quelque temps externe dans cette pension, je lui demandai de réciter une pièce de vers de Victor Hugo (le Régiment du baron Madrace). Il se gratta le front, et me demanda :

— De qui est cette poésie ?

— De Victor Hugo.

— Ah ! Victor Hugo ? Celui qui écrit dans les journaux ?…

La maison cependant s’enorgueillissait d’avoir élevé des hommes remarquables, notamment Sainte-Beuve et l’ingénieur C. de Lapparent.

Paul Verlaine fut un élève ordinaire pendant ces premières classes enfantines. Il avait eu du mal à s’accoutumer à la vie de pensionnaire, et il trouva même le moyen de s’échapper, le jour de son arrivée, profitant de la porte laissée ouverte pour la sortie des externes. Il déboula vers la maison paternelle, les cheveux ébouriffés par la course, et se mit à pleurer en tombant dans les bras de ses parents.

On le sermonna, et il promit de se laisser ramener à la pension. Le lendemain, en effet, il réintégrait l’Institution Landry, où il devait rester plusieurs années, et faire sa première communion.

Il appartenait à un milieu respectueux des traditions catholiques. Si le capitaine Verlaine était assez indifférent, comme beaucoup d’officiers, aux choses religieuses, tout en se montrant respectueux envers l’Église, autorité hiérarchisée, Mme Verlaine, au contraire, était pieuse, et pratiquait les jours de solennités. Bien que n’ayant pas encore les idées, et surtout les élans mystiques, qu’il devait éprouver et manifester dans la prison de Mons, Verlaine fit ce qu’on a coutume d’appeler,