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Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/65

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ENFANCE

entre pratiquants, une bonne première communion.

Après cette initiation traditionnelle, le brassard étant la robe prétexte des jeunes Français, il entra au Lycée Bonaparte, classe de septième, professeur M. Robert.

Les élèves de l’Institution Landry étaient menés deux fois par jour au Lycée. En longue file assez turbulente et désordonnée, les potaches descendaient la rue Blanche, la rue Saint-Lazare et la rue Caumartin, sous la conduite d’un pion hirsute, mal chaussé, et impatient d’aller fumer une cigarette et absorber une absinthe-anis chez le liquoriste de la place Sainte-Croix, en attendant l’heure de reprendre les élèves, à la sortie de dix heures, pour les ramener à l’Institution.

Ses professeurs furent : en sixième, M. Mazimbert, en cinquième, M. Bouillon ; en quatrième, M. Legouez ; et en troisième, M. Réaume, connu par des travaux historiques et littéraires. Ce fut au Lycée Bonaparte que je me liai avec Verlaine, pendant notre classe de seconde (1860).

Verlaine était plus âgé que moi de deux ans ; je n’avais que quatorze ans, en seconde, et Verlaine était déjà un assez grand gaillard de seize ans passés, toutefois resté un peu enfant. Nos relations étaient gênées par le système scolaire. J’étais externe libre, par conséquent affranchi de toute tutelle pionnesque. Je pouvais regagner, avec mes camarades externes, à ma guise, la maison paternelle, flânant sur les boulevards, regardant les boutiques, achetant, l’hiver, des marrons, l’été, des « suçons », au gré de notre fantaisie, et selon notre bourse. Tandis que le pauvre Paul, détenu scolaire, remontait, en rang, militairement, sous la direction du maître d’études, la rue Chaptal, pour rentrer au « bahut ».

La population du Lycée Bonaparte se composait d’ex-