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PLAISIRS RUSTIQUES

lors d’une tournée de conférences, dans un journal de Liège, si je ne me trompe ! Qui diable avait déniché ce corbeau d’antan ? Ça s’intitulait l’Enterrement, et le premier vers allait ainsi :

« Je ne sais rien de gai comme un enterrement ! »

L’autre a été publié naguères dans une chronique de journal du soir par quelqu’un signant Pégomas, que je remercie en faveur de la bonne intention. (Confessions, première partie.)


Toujours désorbité, et ne suivant guère les journaux, Verlaine n’avait pas lu l’Écho de Paris, où, dans un article sympathique, à lui consacré, j’avais reproduit ce sonnet de l’Enterrement, retrouvé dans mes papiers, — très soigneusement conservés, classés, rangés en des dossiers depuis 1871, mais antérieurement dispersés, perdus ou détruits par ma mère affolée, à la veille ou à la suite de poursuites et de perquisitions politiques dont je fus l’objet sous l’Empire et après la Commune.

Un grand nombre de lettres et de vers et fragments inédits de Verlaine, remontant aux années antérieures à la guerre, que je possédais, ont ainsi disparu.

Le sonnet de l’Enterrement, qui a été reproduit par la Plume, no du Ier juillet 1896, a été réimprimé dans le volume des Œuvres posthumes. Librairie Léon Vanier. A. Messein, successeur, 1903.

Ce sonnet, daté du 5 juillet 1864, est dans la manière ironique et macabre à laquelle, par la suite, Verlaine devait recourir souvent. Toute la pièce est d’une assez précise composition, les détails de la cérémonie funèbre préparent la chute finale et combinée : la raillerie des cupidités héritières s’étalant en joie, impossible à dissimuler, malgré la mine contristée, obligatoire pour un deuil décent.