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Page:Leprince de Beaumont - Le Magasin des enfants, 1843.djvu/109

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SEPTIÈME DIALOGUE.

demain, Charmant assembla son conseil, donna de grandes louanges à son gouverneur, et dit que, pour le récompenser du soin qu’il avait eu de lui, il lui donnait le gouvernement d’une province qui était fort éloignée de la cour. Quand son gouverneur fut parti, il se plongea dans la paresse et se livra à la chasse, qu’il aimait avec fureur. Un jour que Charmant était dans une grande forêt, il vit passer une biche blanche comme la neige, elle avait un collier d’or au cou, et lorsqu’elle fut proche du prince, elle le regarda fixement, et ensuite elle s’éloigna. « Je ne veux pas qu’on la tue ! » s’écria Charmant. Il commanda donc à ses gens de rester là avec ses chiens, et il suivit la biche. Il semblait qu’elle l’attendait ; mais, lorsqu’il était près d’elle, elle s’éloignait en sautant et gambadant. Il

[Illustrations à insérer]

avait tant envie de la prendre, qu’en la suivant il fit beaucoup de chemin sans y pensér. La nuit vint, et il perdit la biche de vue. Le voilà bien embarrassé, car il ne savait où il était. Tout d’un coup il entendit des instruments, mais ils paraissaient être bien loin. Il suivit ces sons agréables, et arriva enfin à un grand château où l’on donnait ce beau concert. Le portier lui demanda ce qu’il voulait, et le prince lui conta son aventure. « Soyez le bienvenu, lui dit cet homme ; on vous attend pour souper, car la biche blanche appartient à ma maîtresse, et toutes les fois