ses beaux habits qu’elle n’était hier, et qu’elle avait aussi beaucoup plus d’esprit. — Je ne-sais, répondit Charmant ; elle avait du fard aujourd’hui, elle m’a paru changée, à cause de ses beaux habits ; mais assurément elle me plaisait davantage sous son simple costume. » Les deux princes se séparèrent, et s’en retournèrent dans leurs royaumes, bien résolus de faire tout ce qu’ils pourraient pour plaire à leur maîtresse. Quand Charmant fut dans son palais, il se ressouvint qu’étant petit, son gouverneur lui avait souvent parlé de Vraie-Gloire, et il dit en lui-même : « Puisqu’il connaît la princesse, je veux le faire revenir à ma cour ; il m’apprendra ce que je dois faire pour lui plaire. » Il envoya donc un courrier pour le chercher : et aussitôt que son gouverneur, qu’on nommait Sincère, fut arrivé, il le fit venir dans son cabinet, et lui raconta ce qui lui
était arrivé. Le bon Sincère, pleurant de joie, dit au roi : « Ah ! mon prince, que je suis content d’être revenu ; sans moi, vous auriez perdu votre princesse. Il faut que je vous apprenne qu’elle a une sœur, qu’on nomme Fausse-Gloire ; cette méchante créature n’est pas si belle que Vraie-Gloire, mais elle se farde pour cacher ses défauts. Elle attend tous les princes qui sortent