nement sur elle, ne pouvait se décider à quitter même cette dernière place.
— Allons, descendez, que faites-vous là ? vous ne pouvez y rester éternellement, lui disait l’hôtesse ; puis, sans doute, pour pallier aux yeux de ceux que cette rumeur avait amassés dans cet endroit son action barbare, elle ajouta :
— Elle me doit un mois, je ne le lui demande pas, je ne retiens pas même son paquet ; mais qu’elle s’en aille, au moins, je ne puis lui faire la charité plus longtemps.
À ce mot de charité, la jeune fille releva subitement sa tête, dont une noble rougeur colorait le front.
— Assez, madame, je m’en vais, dit-elle ; puis elle ajouta en pleurant : C’est vrai, vous avez été bien bonne pour moi, et je vous remercie.
En passant devant l’étrangère, cette dernière lui prit le bras :
— Où allez-vous, pauvre enfant ? lui dit-elle de cet accent qui n’est pas de la pitié, mais de la bonté. — Je l’ignore, madame, répondit cette jeune fille, qui sentit le besoin de concilier à elle les gens qui l’écoutaient. Orpheline, sans appui, j’ai été élevée dans une pension dont la maîtresse est morte il y a deux mois ; obligée de quitter mon seul asile, je suis venue ici ; j’espérais trouver une autre pension, y entrer comme institutrice… mais partout on me trouve trop jeune !… Voilà mon histoire, madame.
— Entrez chez moi, mademoiselle, dit la dame française prenant avec amitié la main de la jeune Anglaise ; puis, se tournant vers l’hôtesse, elle dit simplement « Faites, je vous prie, madame, mettre un lit dans le