Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/100

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toutes les instances et tous les arguments possibles pour la faire consentir à un mariage secret.

— Et quelle réponse lui as-tu donnée, chère ?

— Nécessairement, j’ai refusé péremptoirement Lucille, tu es aussi imparfaite que Sternfield lui-même de me faire cette question.

— Eh ! bien, enfant, dis-moi ce que tu voudras, mais je ne blâme pas aussi fortement sa proposition que tu parais le faire. Une fois mariés, ton père n’aura plus d’autre alternative que celle de te pardonner et de te recevoir de nouveau dans ses faveurs, tandis que maintenant il te défendra ce mariage avec tant de menaces, que tu n’oseras pas lui désobéir.

— Alors, s’il agit ainsi, je me soumettrai, répliqua tristement Antoinette. Je ne puis, je ne veux pas le tromper à ce point

— Comment, te soumettre ! renoncer à un homme que tu aimes pour un caprice paternel ! sacrifier le bonheur de toute ta vie pour un simple préjugé !…

— Les devoirs et l’affection filiale ne sont ni des caprices ni des préjugés, interrompit la jeune fille avec indignation. Papa a toujours été pour moi bon et indulgent : le tromper d’une manière aussi terrible, serait répondre bien indignement à sa tendresse.

— Peut-être as-tu raison, mon enfant ; aussi bien, je commence à croire qu’il te serait indifférent de lui obéir en tout point Louis fera un bon mais ennuyeux mari, et si jamais ton bonheur conjugal devient quelque peu