Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/116

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jetait sur elle une vive lumière, sa cousine put examiner plus attentivement ses traits. Ils avaient une certaine expression qui ne put empêcher la crainte de se faire jour dans le cœur de la légère madame d’Aulnay au sujet de cette démarche qu’elle encourageait, qu’elle imposait même à la jeune fille qu’on lui avait confiée. Tout-à-coup et presqu’instinctivement elle s’écria :

— Dis-moi, chère Antoinette, n’est-il pas vrai que tu aimes sincèrement et profondément Audley Sternfield ?

Pour la première fois ce jour-là, quelque chose comme un sourire se dessina sur le mélancolique visage de la pauvre enfant quand elle répondit :

— Tu me l’as dit toi-même une centaine de fois, après m’avoir questionnée de toutes manières, plus minutieusement que ne le ferait un avocat.

— C’est vrai, mais est-ce que ton cœur ne t’a pas répété la même chose ? Antoinette ne répondit pas d’abord ; mais le souvenir de Sternfield, avec tout son amour pour elle, s’étant élevé dans son esprit, un timide sourire effleura encore ses lèvres.

— Oui ! répondit-elle.

— Merci de cet aveu, tendre cousine ! s’écria madame d’Aulnay en l’embrassant et en paraissant aussi heureuse de voir son inquiétude naissante dissipée, que Sternfield lui-même aurait pu l’être ; merci mille fois ! Et maintenant je vais sonner Jeanne pour qu’elle t’apporte un verre de vin, car tu parais être excessivement nerveuse.