Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lorsque Jeanne se rendit à l’appel de sa maîtresse, celle-ci lui recommanda de servir ce soir-là le souper dans le salon, « parce que, dit-elle, j’attends une couple d’amis » ; ce à quoi la soubrette répondit :

— Oh ! madame, personne n’osera mettre les pieds dehors ce soir ; il fait un temps vraiment terrible.

Madame d’Aulnay se contenta, pour toute réplique, de sourire et de penser en elle-même qu’il faudrait une tempête encore plus furieuse pour empêcher au moins un de ceux qu’elle attendait de venir. Au moment où Jeanne fermait la porte derrière elle, une violente rafale vint ébranler la fenêtre. Antoinette se leva épouvantée.

— Ce n’est rien, chère, se hâta de dire Lucille. Tout est pour le mieux : cette tempête nous est des plus favorables, puisqu’elle nous donne l’assurance que nous ne serons pas dérangés ce soir pendant la cérémonie, car aucune autre personne que celles que nous attendons ne viendra par un temps pareil… Ah ! voici enfin nos amis, continua-t-elle en s’interrompant tout-à-coup.

Elle venait d’entendre un bruit de voix et de pas qui accusaient l’arrivée des deux personnages attendus.

Deux minutes après, le major Sternfield et le docteur Ormsby, après s’être débarrassés de la neige qui s’était amassée sur leurs paletots, entraient dans le salon. Le militaire présenta aux deux dames le jeune chapelain du régiment, lequel ne répondit que très-