Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/134

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— Chut ! point de bruit ! ne parlez pas aussi fort. Je crois qu’il partira demain matin : jusqu’à son départ, vous ne devez pas vous montrer en sa présence. N’ayez pas d’impatience, car, croyez-moi, notre pénitence sera encore plus forte que la vôtre.

Puis, congédiant Sternfield après lui avoir donné une amicale poignée de main, elle se rendit à la Bibliothèque où elle trouva son mari, ainsi qu’elle s’y attendait. Elle lui raconta ce qui s’était passé dans le salon, blâma en des termes peu mesurés la dureté de M. de Mirecourt et conjura M. d’Aulnay d’employer toute son influence pour induire ce père sauvage à laisser Antoinette avec eux encore quelques semaines de plus.

— Crois-moi, cher André, ajouta-t-elle avec beaucoup d’onction, la pauvre Antoinette sera disputée et persécutée à en mourir si elle retourne maintenant avec son père qui est encore sous l’effet d’une irritation extraordinaire. Demande donc comme une faveur personnelle la prolongation de son séjour ici, et si tu y mets un peu de bonne volonté, mon oncle ne te refusera certainement pas.

— Eh ! bien, oui, je vais faire ce que tu me demandes, Lucille, car j’aime réellement cette petite fille ; mais je ne puis m’empêcher de croire qu’elle serait infiniment mieux chez elle qu’au milieu de ces flirtations et de ces coquetteries avec les militaires que vous affectionnez tant toutes les deux.