Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/174

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Antoinette, montes à ta chambre et commence à faire ta malle ; autrement, tu oublieras la moitié ou la plus grande partie de tes effets indispensables… C’est inutile, madame Gérard ! continua-t-il de bonne humeur en interrompant la gouvernante qui venait de commencer à protester, quoique avec beaucoup de déférence, contre le retour d’Antoinette à la ville ; c’est inutile. Cette fois, ils ont été trop nombreux pour nous; tenez ! tenez ! c’est une affaire décidée. Lucille, fais-nous maintenant un peu de musique, si tu peux ; mais je crains bien que l’instrument ne soit hors d’ordre : notre petite fille ne l’a pas touché depuis bien longtemps.

Il y avait à peine quelques secondes qu’Antoinette, suivant l’invitation de son père qu’elle avait reçue avec un grand empressement, était dans sa chambre, lorsque madame Gérard entra.

— Chère Antoinette, dit-elle, je suis venue voir si tu as besoin de moi ?

— Oh ! non ; je ne mettrai pas beaucoup de temps à préparer tous mes effets ; mes commodes et mes tiroirs sont dans un ordre parfait, grâce au bon exemple que vous m’avez donné sous ce rapport, chère amie.

— Ah ! mon Antoinette, — reprit madame Gérard avec une inquiétude pleine de tristesse dans le regard et dans la voix, — je crains bien que les conseils que je t’ai donnés sur d’autres sujets bien plus importants n’aient été malheureusement inutiles. Dieu sait com-