Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/177

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enfant bien-aimée ; confies-moi les secrètes préoccupations qui semblent l’assiéger : tu seras, ensuite, moins abattue et plus heureuse.

Antoinette soupira. Oh ! que n’aurait-elle pas donné pour pouvoir en ce moment confier ses fautes et ses peines à cette conseillère sage et prudente, partager avec elle le lourd fardeau du secret qui déjà minait sa jeune existence. Mais le souvenir de la promesse que Sternfield lui avait arrachée ferma sa bouche ; et avec une tendre caresse, elle lui dit :

— Soyez patiente pendant quelque temps encore, ma bonne, mon excellente amie ; et malgré mon silence, en apparence si plein d’ingratitude, aimez-moi, priez pour moi !

— Puis-je entrer, Antoinette ? demanda soudainement la voix argentine de madame d’Aulnay.

Et, sans attendre la réponse, Lucille s’introduisit dans la chambre.

— Que signifie ceci, pauvre petite cousine ? demanda-t-elle en promenant son regard indigné de madame Gérard au visage baigné de larmes d’Antoinette. Tu étais, je crois, à recevoir un sermon ?…

— Arrêtes, Lucille, ne parles pas aussi étourdiment, se hâta d’interrompre Antoinette… Pars-tu à présent, demanda-t-elle à sa gouvernante qui s’était levée.

— Oui, mon enfant ; mais avant de laisser cette chambre, j’ai à vous donner un avis, madame d’Aulnay. Sur vos instances pressantes, cette enfant inno-