Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/189

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avec une tranquille bienveillance ; et, après avoir demandé pardon d’être aussi matinal dans sa visite :

— Madame d’Aulnay, dit-il avec un léger sourire, je suis venu savoir de vous si l’invitation que vous avez bien voulu me faire ne s’adresse qu’à mes chevaux, ou bien si elle comprend également votre très humble serviteur ?

— Comment ? que voulez-vous dire, colonel ? répondit madame d’Aulnay passablement intriguée. J’ai dit au major Sternfield de vous inviter en mon nom, car je ne croyais pas qu’il fût nécessaire de vous envoyer une invitation plus formelle pour une affaire aussi simple.

— Eh ! bien, l’invitation a été, pour ne pas dire plus, très-équivoque. Hier soir, je rencontre le major Sternfield sur la rue ; après m’avoir félicité au sujet de mes nouveaux chevaux et demandé s’ils étaient bien dressés, il m’informe que madame d’Aulnay organise une promenade et qu’elle ne peut pas s’en passer.

— Qu’il est malicieux ce major Sternfield ? exclama madame d’Aulnay. Colonel, je n’ai pas besoin, j’espère, d’expliquer ou de nier ce fait : vous me savez incapable d’une semblable impolitesse.

— J’en suis bien sûr, répliqua-t-il avec gravité. L’hospitalité que madame d’Aulnay sait si bien exercer vis-à-vis des étrangers que le hasard a conduits dans son pays est une réfutation suffisante. Mais mon but principal, en venant, est de savoir à quelle heure vous