Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/190

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voulez que mon équipage et mon domestique — qui, vous le savez, sont toujours à votre disposition — soient ici. Le major Sternfield, malheureusement, n’a pas pris le temps de me renseigner sur ce point important.

— Quelque superbes qu’ils soient, je n’accepterai pas les chevaux sans leur maître, reprit madame d’Aulnay qui paraissait piquée au vif. Je sais qu’en général vous ne vous souciez guère de la société des dames ; néanmoins, je suis certaine que vous êtes trop bien élevé pour venir en personne refuser une invitation que vous fait l’une d’elles, surtout lorsqu’elle vous dit qu’agir ainsi serait la chagriner et la mortifier.

Le colonel Evelyn paraissait être dans une grande perplexité. Son but, en venant ce matin-là chez madame d’Aulnay, était effectivement, ainsi qu’il l’avait dit, de mettre ses chevaux à sa disposition et de s’assurer à quelle heure il devait les lui envoyer. Il pouvait en avoir un autre, connu de lui seul peut-être : celui de voir Antoinette à son arrivée ; mais se joindre aux touristes était une chose qu’il n’avait nullement prévue. Aussi, madame insistant, il répondit :

— Comme de raison, puisque madame d’Aulnay est assez bienveillante pour ne pas entendre raison, je ne puis que me rendre à ses désirs ; mais je crains bien qu’après la catastrophe survenue lors de la dernière excursion de ce genre à laquelle j’ai pris part, aucune dame ne soit assez intrépide pour m’accompagner.

— Vous vous trompez, colonel. Sans aller plus loin,